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Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

Défrichement, agriculture et politique: la colonisation dirigée au Nouveau Brunswick

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Premier effort de colonisation de la compagnie Arrivée des immigrants anglais

Jeunes immigrants
Le commissaire E.N. Kendall est disposé à offrir aux enfants pauvres de Londres des emplois dans la colonie de Stanley. Il convoque une assemblée publique à Fredericton au début de janvier 1834 pour voir si les résidents veulent organiser un comité local de la Children's Friend Society afin de faire venir de jeunes immigrants dans la province. Le New Brunswick Courier et le St. Andrews Standard s'opposent à la suggestion; le Courier soutient que les jeunes sont " dépravés " et " pervers " et seraient donc plus à leur place dans une " colonie de forçats ". Kendall soutient que les " enfants pauvres et illégitimes " de Londres peuvent être réformés et devenir " des membres dignes et travailleurs de la société "** [traductions]. Ses arguments reçoivent un appui suffisant pour que le comité puisse être organisé.
Par ailleurs, en mars 1834, la Chambre d'Assemblée du Nouveau-Brunswick adopte une loi visant à promouvoir et à réglementer l'immigration d'adolescents britanniques dans la province. Cette mesure appuie le plan de Kendall et répond aux demandes croissantes de main-d'ouvre à bon marché faites par les employeurs : avec le temps, la pénurie de travailleurs dans la province a fait augmenter les salaires et diminuer les profits. La loi de 1834, qui est censée demeurer en vigueur pendant deux ans, donne à une commission formée de trois membres le pouvoir d'" importer " de jeunes immigrants britanniques, de leur servir de tuteurs et de les confier à des personnes " respectables ". Les garçons devront être en apprentissage jusqu'à l'âge de 21 ans, et les filles jusqu'à l'âge de 18 ans. La loi prévoit également les obligations des commissaires et les détails administratifs des ententes requises.
Le 16 avril 1835, environ 35 garçons et 1 fille, confiés à la garde de l'instituteur J. Charles Forss, montent à bord du voilier Hinde, qui part de Londres pour le voyage transatlantique vers le Nouveau-Brunswick. Forss a décidé d'immigrer dans la province, et quelques-uns des garçons seront plus tard ses apprentis. La plupart des autres jeunes, toutefois, trouveront d'abord un foyer à Stanley sous l'égide de la New Brunswick and Nova Scotia Land Company. Peu après leur arrivée dans la province, Forss écrit :

Les garçons ont attiré beaucoup d'attention à Saint John (où la demande de main-d'ouvre est actuellement considérable); bon nombre de messieurs et d'hommes de métier respectables ont exprimé le désir de recevoir des garçons par l'entremise de la Children's Friend Society, et M. J.V. Thurgar, tout comme moi, est d'avis qu'un grand nombre de garçons pourraient devenir apprentis dans la province (ce qui leur serait très bénéfique). Maintenant, j'attends avec impatience l'arrivée de M. E.N. Kendall pour organiser la formation de comités. Les garçons ont gardé une bonne conduite pendant la traversée, et je ne doute nullement qu'ils réussiront bien. *** [traduction]

Les comités mentionnés par Forss n'ont peut-être jamais été organisés. De plus, malgré son optimisme, l'arrivée de son groupe de jeunes en 1835 n'est pas l'amorce d'une importante vague d'immigration d'adolescents dans la province. Sur une période d'environ trois ans, 39 ou 41 garçons et 1 fille font le voyage au Nouveau-Brunswick pour trouver des emplois, et peu d'entre eux demeurent longtemps dans la région de Stanley. Parmi les garçons du groupe arrivé avec Forss en 1835, la présence de trois seulement, John Harvey, John Thomas et Henry Bendell, sera encore signalée dans la paroisse de Stanley en 1851; les trois seront inscrits sur le manuscrit du recensement cette année-là en tant qu'agriculteurs et bûcherons.
Parmi ces jeunes immigrants, certains sont bien traités par leurs employeurs, d'autres pas. Quelques-uns connaîtront beaucoup de succès dans leur nouvelle vie; par exemple, John Thomas deviendra un jardinier réputé, et Richard Bellamy (1825-1892) sera arpenteur, bûcheron et membre de l'Assemblée législative et du Conseil législatif.
** Cité dans " Emigrant Recruitment by the New Brunswick Land Company : The Pioneer Settlers of Stanley and Harvey ", par Bruce S. Elliott, dans Generations, vol. 26, no 4 (hiver 2004), p. 52 et 53.
*** Cité dans The Golden Bridge : Young Immigrants to Canada, 1833-1939, par Marjorie Kohli, Toronto, Hignell Book Printing, 2003, p. 68.


4.11.1