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Les pêcheries d'autrefois au Nouveau-Brunswick


Introduction

Les pêcheries au Nouveau-Brunswick ont été et sont toujours un sujet d'actualité. La pêche est un mode de vie et elle fait partie de notre patrimoine en plus d'être un important secteur économique de la province. Personne ne peut s'en étonner en observant sur la carte l'étendue de la région côtière de la province.

Le Nouveau-Brunswick a une longue histoire de pêche en mer, dans les baies et détroits, dans les rivières et lacs. La variété des espèces pêchées accentue la richesse des eaux, selon qu'il s'agit du Sud-Ouest, du Sud-Est et du Nord-Est. Au cours des siècles, les techniques de pêche et de transformation du poisson ont varié pour répondre aux goûts et aux préférences des marchés. Toutes ces caractéristiques ont contribué à la renommée des pêcheries du Nouveau-Brunswick.


Un peu d'histoire

Les marchands européens venus s'établir ici ont inclus dans leur commerce celui de la morue. Il y a eu, par exemple, les Anglais George Walker et John Allen à Nipisiguit, William Smith à Tracadie, les Écossais John Cort et William Davidson le long de la rivière Miramichi. Mais ce sont les Robin de l'île Jersey établis en Gaspésie qui ont créé un véritable monopole de la pêche à la morue dans la baie des Chaleurs. Ils ont fait de Caraquet leur centre d'opérations commerciales de ce côté de la baie. Leur réussite a été d'importance. D'autres, tels les Fruing à Shippagan et aux îles Lamèque et Miscou et le long de la côte acadienne, les Loggie à la baie de Miramichi et les O'Leary à Richibucto se sont aussi fort affirmés dans le commerce de la morue.

À partir de 1875, les prises ont été spectaculaires et ont fait connaître le Nouveau-Brunswick et la région de l'Atlantique en tant que producteurs à l'échelle internationale. Après un 19e siècle fructueux, l'intérêt des marchés pour la morue séchée est tombé et a mené à la fin des opérations des Robin et des Fruing. La ruée au homard qui avait commencé avec force au début des années 1800 a aussi connu une accalmie avant même le début du 20e siècle et une diminution marquée de la ressource.

Pendant ce temps, la mise en marché de la sardine a pris de la vigueur à Blacks Harbour grâce aux installations des frères Lewis et Patrick Connors. Aujourd'hui, l'entreprise " Connors Brothers Limited " exploite la plus importante usine de sardines au monde. Ce marché a peut-être été le moins affecté par les périodes de guerre et la Crise économique des années 1930. Il n'a pas non plus connu de ruée. Le développement a été progressif à compter de 1885.

Divers facteurs ont amené des progrès notables dans les pêcheries au Nouveau-Brunswick. L'arrivée du chemin de fer a stimulé l'exportation du poisson vers les États-Unis et les provinces centrales du Canada en passant par Saint John. L'établissement au Nouveau-Brunswick d'entreprises américaines qui cherchaient à s'approvisionner en poisson frais et qui optaient pour la diversité des produits halieutiques ont également activé l'économie. Ces entreprises attiraient les pêcheurs et les travailleurs d'usine du fait qu'elles payaient en argent plutôt qu'en coupons échangeables comme au magasin des entrepreneurs traditionnels.

Malgré une certaine diversification des espèces pêchées qui s'était affirmée en 50 ans, des difficultés sont survenues. Les prises diminuaient, les pêcheries formaient un ensemble peu organisé et il n'y avait pas de contrôle sur la commercialisation. En plus, le marché de la morue séchée s'est effondré au début du 20e siècle. En somme, il semblait difficile de rentabiliser le domaine des pêches après avoir connu une grande production quelques années plus tôt.

En 1927, le gouvernement fédéral a créé la Commission MacLean chargée d'enquêter sur les difficultés dans les pêches aux Maritimes. À la suite des travaux de la Commission, il y a eu l'établissement de tarifs préférentiels de transport et la création de l'association des Pêcheurs-unis des Maritimes afin de venir en aide aux pêcheurs.

À l'intérieur de cette grande association, l'abbé Livain Chiasson de Shippagan et Martin J. Légère de Caraquet ont mis sur pied des *associations locales de pêcheurs de la côte acadienne du Nouveau-Brunswick. Ces associations se fondaient sur des stratégies coopératives, conformément à l'idéal du mouvement des pères Moses Coady et James Thompkins de l'université St. Francis Xavier d'Antigonish. Ces stratégies visaient à sortir les pêcheurs de leurs difficultés en les aidant à trouver des moyens efficaces de se procurer à meilleur prix le matériel de pêche nécessaire et d'écouler le produit de leur pêche.

En général, les pêcheurs ne sont pas devenus autonomes du point de vue économique. Les prix continuaient d'être à la baisse et les prises déclinaient. Un problème de fond persistait : le traditionalisme des moyens dans le secteur des pêches.


La modernisation dans les pêches

Le gouvernement provincial de John McNair, le ministre responsable des pêches André Doucet et le fonctionnaire Hédard Robichaud ont, de concert avec le gouvernement fédéral, travaillé à l'industrialisation de la pêche au Nouveau-Brunswick. C'était l'époque de l'après-guerre, au milieu des années 1940.

Le pêcheur artisan a eu de moins en moins de place car il était temps pour les pêcheurs d'avoir accès à leur part des ressources et d'approvisionner les usines de transformation installées le long de la côte. Le gouvernement provincial a créé la Commission de prêts aux pêcheurs devenue par la suite le Conseil de développement des pêches du Nouveau-Brunswick (1978). Cet organisme a fait en sorte de renouveler la flotte de bateaux et d'y inclure le chalutier. Ce dernier, surnommé " écumeur de mer " quelque 25 ans plus tôt, avait été fort critiqué par les pêcheurs traditionnels. Les chalutiers de types Gloucester, Chaleur et Charlotte ont été construits à Bas-Caraquet, Blacks Harbour et Port Greville. Mis à l'eau vers la fin des années 1940 et au début des années 1950, ils ont produit les résultats escomptés en rapportant de plus grandes quantités de prises.

Les répercussions de l'augmentation des prises n'ont pas tardé à la suite de cette modernisation. En 1968, la province a atteint un sommet dans les débarquements de poisson (plus de 244 000 tonnes métriques). Les prises de hareng et de crabe des neiges ont alors connu une montée fulgurante, ce qui a permis de compenser la faiblesse des prises de morue et de homard. En plus de répondre aux besoins des usines de transformation, les prises accrues de poisson ont mené à la construction d'entrepôts frigorifiques, tel celui de Shippagan où ont investi les gouvernements fédéral et provincial et la société Connors Brothers Limited. La Commission des prêts aux pêcheurs s'est aussi intéressée à la diversification des espèces à pêcher et aux besoins de formation des pêcheurs. L'ouverture de l'École des pêches à Caraquet a eu lieu en 1959 pour donner cette formation.

Dans les pêcheries au Nouveau-Brunswick, il apparaît que les augmentations et les diminutions se succèdent dans les prix et les prises. Les types d'activités et les techniques exigent de la souplesse de façon à pouvoir s'adapter et assurer la continuité de cette industrie plurielle et complexe.


Les régions

À la fin du 19e siècle, le type d'activité et d'exportation distinguait déjà les régions traditionnelles de pêche du Nouveau-Brunswick : la région du Sud-Ouest en bordure de la baie de Fundy, la région du Sud-Est au bord du détroit de Northumberland et la région du Nord-Est du côté de la baie des Chaleurs.


La région du Sud-Ouest

Dans la région du Sud-Ouest du Nouveau-brunswick, l'exportation du homard vivant a été central au point de vue économique. La proximité des marchés américains a certes favorisé cette exportation. Le homard vivant se vendait très bien à New York et à Boston, et à meilleur prix que celui en conserve. En 1881, la production de l'unique conserverie de la région, située à Grand Manan, ne représentait que 1% de la production provinciale par rapport aux 50 % et 49 % des autres régions du Nouveau-Brunswick.

Le hareng fumé ou mis en conserve a fait aussi la réputation de la région au niveau économique. Le perfectionnement des techniques a permis, à compter de 1889, de mettre en marché la sardine, ou hareng juvénile, qui est devenu célèbre de par le monde grâce aux frères Connors de Blacks Harbour. Le Sud-Ouest effectuait 80 % des débarquements provinciaux de hareng. Le rapport d'enquête de la Commission MacLean sur les difficultés des pêches en Atlantique en 1927 a souligné fièrement la réussite commerciale des Connors. L'entreprise sera la première au Nouveau-Brunswick à établir une usine de farine de poisson dans les années 1970.

Des lieux de pêche importants de la région du Sud-Ouest se trouvaient à West Isles, à Campobello et surtout à Grand Manan. Il y avait seulement une centaine de bateaux de pêche. Les monopoles ne s'y sont pas installés. Au moment où les pêches connaissaient de très bonnes années (1880), 32,5 % de la population de la région de Fundy travaillait dans le domaine par rapport à 23,5 % dans le Sud-Est et à 45 % dans le Nord-Est. À Fundy comme ailleurs sur la côte, la pêche était un mode de vie. La région aura son chantier naval dans les années 1960 à Chamcook pour répondre à la forte demande en senneurs de hareng.

Malgré la dominance du homard et du hareng, une certaine diversité des espèces pêchées s'est développée dans la région avec le merlu, la goberge et l'aiglefin. Ce dernier était aussi un produit exporté en demande. La région du Sud-Ouest totalisait 95 % des débarquements et la demande des marchés américains était très forte.

Étant donné que l'aspect saisonnier de la production dans la région n'existait pratiquement pas, les pêcheurs avaient accès à la ressource presque en tout temps de l'année. Le travail en usine connaissait donc peu d'interruptions.


La région du Sud-Est

Au 19e siècle, c'est surtout la pêche au homard pour la mise en conserve et l'exportation qui a dominé dans la région du Sud-Est. C'était l'activité la plus lucrative. Le homard abondant, les possibilités de pêche et l'établissement peu coûteux des conserveries ont attiré les transformateurs de l'extérieur. La production du homard en conserve se faisait à bon prix et l'exportation vers l'Angleterre et les États-Unis, à prix très compétitifs. Peu de conserveries, aussi appelées fabriques, usines, " shops ", " factries ", ont appartenu aux Acadiens qui, dans l'ensemble, se situaient au début du processus en tant que pêcheurs et travailleurs en usine de transformation.

Les conserveries se sont multipliées au Nouveau-Brunswick à compter de 1870 : de 24, elles sont passées à près d'une centaine en 1880, dont 65 et 72 dans les comtés de Kent et de Westmorland. Vers 1900, Cap-Pelé seulement en avait une douzaine sur une distance de 3,2 kilomètres. C'est dire que les conserveries et leurs grosses cheminées ont dominé le paysage côtier acadien de la région.

En fait, les années 1875-1890 ont été une véritable course pour profiter de la rapide expansion du commerce du homard. Le comté de Kent a occupé le premier rang pour les débarquements. Richibucto était considéré comme l'un des ports de pêche au homard les plus importants et la capitale de la mise en conserve.

L'année 1887 a marqué un sommet de production. Le déclin dans la pêche au homard s'est amorcé en raison de la ressource moins abondante et des techniques de pêche trop traditionnelles. De plus, le homard en conserve a perdu la faveur au profit du homard frais. L'avènement du train et des wagons réfrigérés a momentanément provoqué un regain tant par les possibilités d'exportation que par la qualité du produit, mais les années de dépression et la Deuxième Guerre mondiale ont de beaucoup réduit les revenus : le homard est passé de 8 ¢ la livre en 1920 à 5¢ en 1940. L'après-guerre a vu une remontée du prix à 23 ¢. C'était le temps de franchir une nouvelle étape, celle de la pêche industrielle qui sous-entendait un autre type d'équipement.


La région du Nord-Est

La pêche à la morue a dominé les activités halieutiques de la région du nord-est du Nouveau-Brunswick. La période 1875-1900 est surnommée " l'âge d'or " dans ce secteur. La Péninsule acadienne a connu un marché très florissant de la morue séchée, qui était exportée en Europe. À l'époque, les Jersiais Fruing et Robin ont fait de Shippagan et de Caraquet d'importants centres administratifs et d'exportation en plus d'être de très importants centres de pêche. Le comté de Gloucester a effectué 72,4 % des prises totales de morue au Nouveau-Brunswick de 1875 à 1900. Caraquet fournissait la moitié de cette quantité.

L'année 1889 a été la meilleure dans la pêche à la morue. L'augmentation de la production peut s'expliquer par la combinaison de différents facteurs. L'appât, aussi nommé " boëtte " ou " bouette ", et qui était du hareng, du maquereau ou du capelan, était abondant et la trajectoire des bancs de morue, favorable. Il y avait également des primes de pêche. C'était une forme d'aide nationale que le gouvernement fédéral a accordée aux pêcheurs côtiers et hauturiers. Les primes étaient de l'argent remis aux pêcheurs selon la quantité des prises et le type de bateau utilisé, généralement la chaloupe à voiles et la goélette.

Au début du 20e siècle, la situation a changé dans le commerce de la morue séchée. Les Robin ont commencé à perdre leur monopole du marché d'exportation de la morue séchée de la baie des Chaleurs. Les Fruing ont dû abandonner leurs installations de Lamèque, Shippagan, Tracadie, New Bandon et Grande-Anse en 1917. Les Jersiais subissaient la concurrence amenée par le marché du poisson frais et les nouveaux types de production. Le poisson réfrigéré et congelé avait désormais la faveur. Les Loggie, les O'Leary et autres n'ont pas tardé à s'emparer de ce nouveau marché.

Pendant le 19e siècle et le début du 20e, la pêche à la morue et sa transformation ont rapporté des revenus substantiels aux Jersiais. De plus, elles ont donné du travail aux pêcheurs et aux travailleurs qui traitaient le poisson, sans toutefois créer chez eux de prospérité générale dans la région du Nord-Est.


Quelques techniques de pêche

La morue

L'embarcation - La pêche côtière pouvait se faire avec une embarcation très rudimentaire, genre pirogue. Mais la chaloupe à voiles l'a remplacée au début du 19e siècle. Aussi appelée barge, elle avait 7,3 mètres à 8,5 mètres de quille et n'était pas pontée. Elle coûtait cher au pêcheur de l'époque. La goélette fut introduite un peu plus tard. C'était une embarcation à une ou deux voiles, de 10 à 15 tonneaux et pontée.

La sortie de pêche en goélette durait de quelques jours à une semaine et rapportait de plus grosses cargaisons que la chaloupe. À titre d'exemple, lors d'une saison complète de pêche de juin à octobre, la moyenne des prises d'une goélette pouvait atteindre 200 quintaux et celle d'une chaloupe à voiles, 150 quintaux (un quintal = 112 livres). Après 1885, la goélette est devenue plus courante et elle permettait au pêcheur de se rendre à des bancs de morue plus loin en mer.

La pêche - Les pêcheurs lignaient la morue, c'est-à-dire qu'ils pêchaient à la ligne, et lançaient les prises au fond de la chaloupe à voiles ou sur le pont de la goélette. Mais auparavant, ils avaient ajusté la boëtte à la ligne, précieux appât qui était parfois difficile à trouver et à garder frais pour la saison de pêche à la morue. Le pêcheur en chaloupe à voiles dépeçait ses prises en fin d'après-midi, une fois revenu à terre, et les mettait à sécher. En goélette, les morues étaient immédiatement nettoyées à bord et déposées dans du sel au fond de la cale. Plus tard, au retour, la cargaison de morue était prête pour l'opération du séchage.

Le séchage - La morue de la Péninsule acadienne, disait-on, était séchée très dure et elle se méritait les meilleurs prix. D'abord mise dans du sel, mais pas trop longtemps, elle était placée en tas dans une sécherie pour qu'elle " ressue ". Puis, lorsque la surface se faisait humide, elle était étendue sur des treillis ou vigneaux à l'extérieur, au soleil, pour finir de sécher. Il fallait savoir évaluer le temps d'exposition sans la laisser brûler avant de la retourner sur les treillis et assurer ainsi une production commerciale de qualité. Ce processus se nommait " le séchage de Gaspé ". À la suite de quoi avait lieu l'opération du " toubage ", c'est-à-dire la mise en tonneau ou " toube " pour l'exportation.


Le homard

La pêche - La pêche au homard comme telle se faisait avec le carrelet (ou encore correlet, corlet ou truble), genre de cerceau muni d'un filet et d'un appât. Au moment de la forte expansion commerciale à partir des années 1870, et malgré les résistances parce qu'il coûtait plus cher à acheter ou à fabriquer, le casier a remplacé le carrelet. Selon la tradition, l'entrepreneur Freeman Kimball de Cap-Pelé l'aurait introduit au Nouveau-Brunswick.

Le casier était très avantageux du fait que le homard, une fois dans le casier, ne pouvait en sortir. En ce temps-là, les casiers étaient en bois non goudronné et ne duraient ainsi qu'une saison de pêche. Le pêcheur disposait ses casiers de cinq à huit kilomètres environ de la côte, amarrés à un câble repérable par des bouées. Il les visitait deux fois par jour.

Voici quelques données qui illustrent les quantités de prises au 19e siècle. Lorsque les stocks de homard ont commencé à diminuer, le pêcheur pouvait mouiller jusqu'à 300 casiers par comparaison à 80 ou 90 pendant les années d'abondance des décennies 1870 et 1880. Les petits bateaux revenaient de pêche avec 700 et 800 homards et les plus gros transportaient au retour une cargaison de 3000 homards.

Les conserveries - La pêche au homard a alimenté et multiplié les conserveries. Les premières sont apparues à Petit-Rocher, à l'île du Portage (Miramichi) et à l'embouchure de la rivière Kouchibougouac vers 1840, à Shediac et à Grand Harbour quelques années plus tard. Des Américains, des Écossais et des Britanniques qui connaissaient la technique de mise en conserve sont venus créer des entreprises au Nouveau-Brunswick.

Une homarderie moyenne était peu dispendieuse à établir et produisait de 275 à 400 caisses de 48 boîtes d'une livre chacune. L'équipement se composait de bouilloires, d'un foyer ou d'un poêle, de grandes cuves, d'une ou deux tables, d'une bonne réserve de boîtes en fer-blanc et des instruments tels le couperet et les fers à souder, ainsi qu'une sertisseuse.

Le bâtiment lui-même, en simples planches, avait une cheminée, des tablettes à l'intérieur et le tout faisait un étage seulement. L'entrepreneur pouvait mettre une conserverie sur pied pour moins de 1000 $ au 19e siècle.

Le travail - Les étapes de travail à la conserverie étaient nombreuses : faire bouillir le homard, le transférer dans des cuves pour le déposer sur les tables et prélever les pattes et la queue du homard. La mise en conserve se faisait dans des boîtes tapissées de papier parcheminé. Ces boîtes étaient ensuite dirigées vers le couvreur et le sertisseur, aussi appelé scelleur, avant d'être déposées sur les tablettes à refroidir. Elles passaient à la vérification de qualité plus d'une fois, puis étaient scellées pour de bon, étiquettées et enduites de laque contre la rouille.

Un grand soin était apporté aux étiquettes, parfois plus qu'au contenu! C'était presque de petits chefs-d'ouvre artistiques à l'époque. Elles visaient à attirer l'attention des consommateurs et les concepteurs s'efforçaient de bien nommer et de bien qualifier le produit sur étiquette. Voici quelques exemples : Caribou, Wigwam, Crown, fresh canned, fresh northern, fresh rock.


La modernisation de l'équipement de pêche

La modernisation de l'équipement qui a visé la pêche commerciale d'exportation a joué un rôle capital au niveau économique des pêcheries au Nouveau-Brunswick.

Les embarcations - L'utilisation du moteur Fairbanks au début du 20e siècle pour remplacer les voiles a eu l'effet d'une véritable révolution dans le domaine des pêches. Les grands exploitants ont, de leur côté, introduit le chalutier à peu près à la même époque. Ce bateau pouvait aller plus loin en mer et rapporter des cargaisons de poisson plus importantes. Ce type de bateau allait contribuer à l'industrialisation des pêcheries quelque 25 ans plus tard.

Après la Deuxième Guerre mondiale, un vaste projet de modernisation de la flotte de bateaux de pêche a été mis sur pied par les gouvernements fédéral et provincial. Ces derniers ont encouragé la construction de bateaux en bois ou en fer d'une longueur supérieure à 22,9 mètres et l'utilisation de chalutiers appropriés à la pêche au Nouveau-Brunswick. C'était du coup un encouragement aux chantiers navals de la province.

Les répercussions de cette nouvelle flotte de bateaux ont été importantes. Les années 1960 sont considérées comme une période d'expansion pour l'ensemble de l'industrie des pêches de la province. Les prises sont passées de 65 500 tonnes métriques à 244 000 de 1951 à 1968.

La pêche au hareng a connu un essor spectaculaire au cours des années 1960. L'introduction des bateaux senneurs combinée aux nouveaux besoins alimentaires de la restauration rapide y ont fort contribué. C'était le début de la fabrication de la farine de poisson. Les propriétaires d'entreprises importantes établies au Nouveau-Brunswick ont ouvert de grandes usines de transformation aux besoins grandissants de poisson. Ces usines ont été équipées de chaînes de filetage, d'entrepôts frigorifiques et du matériel à fabriquer la glace.


Conclusion

Les techniques de pêche à la ligne, de séchage et de salage ont bel et bien été remplacées pour mieux répondre aux besoins des marchés. Aujourd'hui, nous en sommes à une très grande capacité de récolte, de transformation et de manutention du poisson. Ceci commande une gestion saine apte à conserver les ressources halieutiques.


Bibliographie

BEAUDIN, Maurice et Donald J. SAVOIE. Les défis de l'industrie des pêches au Nouveau-Brunswick, Moncton, Éditions d'Acadie, 1992.

BRUN, Régis La ruée vers le homard des Maritimes, Moncton, Michel Henry, éd., 1988.

LANDRY, Nicolas. Les pêches dans la Péninsule acadienne 1850-1900, Moncton, Éditions d'Acadie, 1994.

ROBICHAUD, Hédard. "Un politicien acadien au service des pêcheries", La Revue d'histoire de la Société historique Nicolas-Denys, volume XlX, numéro 2-3 (mai-décembre 1991).

Looking back at our beginnings, Blacks Harbour.

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