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Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

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Les débuts de l'éducation (1784-1871)

Au moment de la fondation du Nouveau-Brunswick en 1784, l'éducation était très peu organisée, particulièrement chez les francophones. Au cours de la période qui a suivi la Déportation des Acadiens, les francophones qui se sont installés dans la province l'ont fait tranquillement et parfois difficilement. Ces exilés avaient comme premier souci la survivance. Ainsi, l'organisation d'un système d'éducation n'était certainement pas prioritaire. Cependant, les parents et le clergé tentaient tant bien que mal d'enseigner la langue française aux enfants par l'écriture et la lecture. Il existait à cette époque quelques maîtres ambulants qui se déplaçaient dans les villages éloignés du Nord-Est pour enseigner aux enfants.

Vers la fin des années 1810, quelques écoles firent leur apparition dans le Nord-Ouest de la province. En 1817, le curé André Lagarde fonda à Saint-Basile une première école où les jeunes pouvaient recevoir une éducation appropriée et, une dizaine d'années plus tard, quatre nouvelles écoles semblables furent fondées dans d'autres localités de la région. Le curé Lagarde s'occupait de former les enseignants afin que ceux-ci puissent offrir une éducation en français et en anglais aux élèves.

À partir de 1802, le gouvernement provincial commença à contribuer à l'éducation en accordant une aide financière aux enseignants. Trois ans plus tard, le gouvernement entreprit la construction d'écoles primaires et secondaires et, en 1816, des conseils de gestion des écoles furent élus. En 1847, le gouvernement construit des écoles de paroisse et, en 1858, le gouvernement augmenta le financement accordé pour la construction de nouvelles écoles secondaires. Cependant, le financement offert par le gouvernement était souvent insuffisant pour payer le salaire de l'enseignant et les dépenses liées à l'administration de l'école. Donc, afin de combler ce besoin financier dans les écoles, les parents dont les enfants étaient inscrits à l'école devaient verser une contribution proportionnelle au nombre d'enfants inscrits. C'est pourquoi beaucoup d'enfants ne fréquentaient pas l'école, car les parents pauvres ne pouvaient pas payer les frais de scolarité.

En plus des écoles publiques, il existait au Nouveau-Brunswick un certain nombre d'écoles privées qui étaient gérées par différents groupes, particulièrement par des communautés religieuses. Ces écoles étaient reconnues dans la pratique par le gouvernement, mais pas par la loi. Néanmoins, le gouvernement a subventionné ces écoles à quelques reprises. Les écoles catholiques ont figuré dans le budget provincial avant 1871.

Les écoles publiques du Nouveau-Brunswick étaient officiellement de langue anglaise. Bien que le français fût parlé et enseigné dans certaines écoles acadiennes, on fermait généralement les yeux sur ce fait. La plupart des manuels scolaires utilisés dans les écoles étaient en anglais, mais des enseignants réussissaient à l'occasion à mettre la main sur des manuels français. Quelques syllabaires et des livres de lecture, de géographie, de grammaire et d'arithmétique en français firent leur apparition dans les écoles dans les années 1860.

Cependant, les écoles privées du Nouveau-Brunswick se heurtaient à différents problèmes qui étaient surtout attribuables aux sources de financement. Souvent, les bâtiments qui abritaient les classes étaient délabrés et le matériel scolaire comme les tableaux et les manuels faisait défaut. De plus, ces écoles faisaient face à un manque d'assiduité de la part des élèves qui, pour certains, devaient participer aux activités économiques de la famille, comme l'agriculture et la pêche.


La loi scolaire de 1871

Afin de régler les différents problèmes qui guettaient les écoles privées du Nouveau-Brunswick, le gouvernement vota un projet de loi sur l'élaboration d'un système d'écoles publiques. Un tel système existait déjà en Ontario, en Nouvelle-Écosse et aux États-Unis et semblait répondre aux besoins de la province. La loi scolaire de 1871 comportait plusieurs avantages pour les gens du Nouveau-Brunswick : la gratuité de l'éducation, la création de nouveaux districts scolaires, la construction de nouvelles écoles et un meilleur contrôle des permis d'enseignement. Les nouvelles écoles étaient accessibles à tous les enfants indépendamment de leur langue, de leur religion, de leur sexe et surtout de la situation économique de leur famille.

Toutefois, la nouvelle loi interdisait toute présence religieuse dans les écoles publiques. Les écoles ne pouvaient plus enseigner la catéchèse aux enfants. Les religieux qui désiraient enseigner devaient se procurer pour la première fois un permis d'enseignement et ne pouvaient plus porter leur costume religieux. De plus, aucun signe ou emblème religieux ne pouvait être affiché dans la salle de classe. Finalement, les parents catholiques qui désiraient tout de même envoyer leurs enfants dans une école religieuse étaient soumis à une double taxation : ils devaient payer la taxe imposée par le gouvernement pour les écoles publiques en plus de payer les frais de scolarité de l'institution que fréquentaient leurs enfants. Il est important de noter que la loi sur les écoles communes de 1871 ne fait aucunement référence à l'enseignement du français dans les écoles. Cet oubli contribua au mécontentement des Acadiens à l'égard de cette loi.

Pendant quatre ans, les catholiques du Nouveau-Brunswick ont manifesté leur mécontentement au sujet de la nouvelle loi. À plusieurs reprises, le clergé catholique a signifié au gouvernement son désaccord avec la loi, mais ses protestations sont restées sans réponse. Les protestations contre la nouvelle loi ont pris différentes formes, mais en général, il s'agissait de pressions exercées par les gens sur les gouvernements provincial et fédéral. Le ministère des Colonies à Londres et les tribunaux ont également été saisis de la question. De plus, les catholiques cessèrent de payer leurs taxes scolaires, arguant qu'ils ne devaient pas être soumis à une double taxe parce qu'ils envoyaient leurs enfants dans des écoles confessionnelles.

En 1875, la situation tourna au tragique. En effet, le 27 janvier, une querelle se produisit à Caraquet, et les écoles publiques et neutres étaient au cour du débat. Lors de la réunion annuelle de la commission scolaire, les Acadiens, qui avaient perdu leur droit de vote en refusant de payer leurs taxes, étaient en désaccord avec le nouveau comité élu. Ils se rendirent à la demeure de Robert Young, membre du conseil exécutif provincial, pour manifester bruyamment. La femme de ce dernier, troublée par les événements, prévint son mari qui se trouvait à Fredericton. Celui-ci informa le shérif de Bathurst qui dépêcha une troupe de miliciens de Miramichi à Caraquet afin d'apaiser les " émeutiers ". Un groupe d'hommes s'étaient réunis chez André Albert pour discuter des événements. En voyant la milice, quelques Acadiens se réfugièrent dans le grenier de la maison. La milice prit d'assaut la maison et tira des coups de feu à travers le plafond. Un jeune homme, Louis Mailloux, et un milicien, John Gilford, sont morts au cours de cette " émeute " à Caraquet.

Craignant des représailles de la part des opposants à la loi scolaire ou une attention particulière de la part des journaux nationaux, le premier ministre, George King, présenta un important compromis aux catholiques. Ce nouveau compromis permettait l'utilisation des locaux d'école pour l'enseignement de la catéchèse en dehors des heures de cours régulières. De plus, les religieux qui enseignaient dans les écoles publiques avaient désormais le droit de porter leur costume s'ils le désiraient et n'étaient plus obligés d'obtenir un permis d'enseignement de la Training School. Finalement, les enseignants avaient désormais le droit de communiquer dans leur langue et d'enseigner le français dans les écoles primaires.


Les réformes scolaires

Bien que plusieurs améliorations aient été apportées au système d'éducation du Nouveau-Brunswick au 19e siècle, la situation dans les écoles au début du 20e siècle laissait encore à désirer. La plupart des écoles de la province étaient des écoles à classe unique qui regroupait des élèves de tous les niveaux sous la férule d'une seule enseignante ou d'un seul enseignant. Cette situation entraînait certains problèmes, comme le manque de motivation de la part des enfants causé par le trop grand nombre d'élèves dans la classe et la différence dans les niveaux de cours enseignés. Le taux d'analphabétisme dans la province était très élevé à cette époque. La majorité des enfants laissaient l'école avant de terminer la 9e année. Chez les francophones, la situation était tout aussi alarmante. Seulement 7 % des élèves accédaient à la 6e année et 3 %, à la 9e année. C'est pourquoi le gouvernement provincial dut apporter des changements importants au fil des années.

La première vague de réformes dans les écoles eut lieu dans les années 1940. En 1932, dans son rapport, la Commission MacFarlane encourageait l'unification des comtés pour les besoins de la taxation et de la gestion ainsi que l'attribution de subventions afin de soutenir la consolidation des districts scolaires et le transport des enfants. De plus, la commission a recommandé que l'enseignement primaire soit donné exclusivement dans la langue maternelle de l'enfant et que les manuels bilingues ne soient introduits qu'au niveau intermédiaire. Cependant, ces recommandations seront seulement appliquées au début des années 1940 par suite des pressions exercées par les Orangistes et de la crise économique de 1929.

De nouvelles écoles secondaires rurales furent construites et les districts scolaires, consolidés, pendant cette période. Les nouvelles écoles desservaient de plus grandes régions que les anciens districts et offraient une plus grande variété de cours. Ces écoles régionales rurales se retrouvaient partout dans la province et près du tiers se trouvaient dans des régions francophones. Ces écoles, dites " bilingues ", étaient en réalité des écoles paroissiales francophones où régnait un climat français.

Cette réforme présentait plusieurs avantages pour le système d'éducation comme la centralisation des services. Cependant, puisque la taxation relevait de chaque comté, les habitants des comtés les plus pauvres devaient céder une plus grande partie de leur revenu afin de financer les écoles. En général, les écoles des comtés les plus pauvres disposaient d'un plus petit budget et les écoles des comtés fortunés étaient mieux nanties. Cela montre que tous les habitants de la province n'avaient pas accès aux mêmes services et que les plus pauvres étaient en réalité les plus taxés.

Voilà ce qui a amené le premier ministre de la province, Louis-J. Robichaud, à mettre en place, dans les années 1960, de nouvelles réformes dans le but de régler ces problèmes. Le premier ministre a nommé une commission qui avait pour mission d'étudier le financement des écoles au Nouveau-Brunswick. Suite à la publication du Rapport Byrne, qui dénonçait les injustices dont étaient victimes des habitants de la province, le gouvernement a modifié le système d'éducation afin que son financement relève du pouvoir central et non plus des comtés.

À partir de 1967, les taxes et les salaires ont été uniformisés partout dans la province et plusieurs services, dont les écoles, sont devenus la responsabilité financière du gouvernement provincial. De plus, la construction de nouvelles écoles polyvalentes a permis à tous les élèves de recevoir une formation académique et technique s'ils le désiraient. Ces écoles offraient des cours de culture générale et de formation professionnelle ainsi que des cours en commerce et en sciences domestiques. Les élèves avaient le choix d'axer leurs études en vue de se préparer à entrer sur le marché du travail ou à poursuivre leurs études dans un collège, un établissement technique ou une université. Durant cette période, l'inscription dans les écoles du Nouveau-Brunswick a presque doublé.

La dernière réforme scolaire a eu lieu en 1985. Durant cette période de réforme, l'éducation dans les écoles secondaires a subi quelques changements. Premièrement, on a installé un système semestriel, semblable à celui en place dans les universités et les collèges communautaires. L'obtention du diplôme d'études secondaires dépend depuis de l'acquisition d'un certain nombre de crédits de cours obligatoires et de cours optionnels. Pour obtenir le diplôme d'études secondaires, l'élève doit réussir des examens provinciaux dans diverses matières. Enfin, la formation spécialisée offerte auparavant dans les polyvalentes a été remplacée par des cours de base en culture industrielle générale. Désormais, dans les niveaux primaires et secondaires, les élèves à besoins spéciaux sont insérés dans les classes ordinaires. L'organisation d'un système de maternelles publiques a aussi eu lieu durant cette période. Dans les années 1990, le ministère de l'Éducation a procédé à une réorganisation de la carte scolaire afin de réduire le nombre de districts.

Au cours de la seconde moitié du 20e siècle, de nombreux changements ont été apportés dans le domaine de l'éducation en vue d'offrir l'enseignement en français et en anglais aux élèves. En 1964, le ministère de l'Éducation a été divisé en deux parties, soit le département francophone et le département anglophone. Cette division est à l'origine de la structure actuelle du ministère de l'Éducation. Chaque partie s'occupe de gérer les programmes et l'évaluation dans les écoles de sa langue respective. En 1971, les districts dits " bilingues " sont devenus francophones. En 1978, les écoles francophones dans les régions majoritairement anglophones ont été constituées en districts francophones.

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