La distance totale entre Grand-Sault et Fredericton est de 125 milles (200 km) et
le voyage peut se faire en quatre jours, mais il est préférable de prévoir une semaine
pour pouvoir visiter des points d'intérêt, explorer quelques-uns des affluents,
escalader certaines collines et apprécier pleinement les
attraits variés de la nature environnante. Cette partie du fleuve a été descendue
en canot en 14 heures et 46 minutes, au temps de la crue printanière, alors que
le fleuve est un torrent fougueux, et des radeaux propulsés seulement par le courant
l'ont fait en une journée. On estime à 298 pieds (90 m) le dénivelé entre Grand-Sault
et Fredericton, soit en moyenne 2 pieds 4 pouces par mille (0,45 m par km), ce qui
témoigne de la rapidité des flots.
Cette excursion met en évidence la nécessité pour les autorités de voir à la préservation
du fleuve.
Sur
chaque affluent, on peut voir flotter du bran de scie, des bouts de billes, des
bardeaux ou d'autres rebuts de scierie. Personne ne semble se soucier d'empêcher
le déversement de déchets dans les cours d'eau, déchets qui, entraînés par le courant
vigoureux, aboutissent tous à Saint-Jean. Les pêches aussi devraient être protégées.
Presque tous les fermiers ont un filet et des centaines de saumons remontant la
rivière vers leurs lieux de frai sont capturés avant d'arriver à destination. Certaines
passes à saumon sont à sec et donc inutilisables. Des centaines et des centaines
de sites sont tout désignés pour la pêche à la mouche le long du Saint-Jean,
entre
Grand-Sault et Fredericton. Cette section pourrait devenir aussi célèbre pour le
saumon que certains de ses affluents. La croyance populaire veut que le saumon ne
morde pas à la mouche, mais cela vient peut-être du fait qu'on n'a pas vraiment
éprouvé cette technique. En cherchant un peu, on se rend compte qu'aucun effort
récent n'a été entrepris pour mettre cette technique à l'épreuve.
En plus d'être plaisant et fort divertissant, ce voyage ne coûte pas plus cher que
d'autres activités estivales. Pour une excursion d'une semaine, par exemple, les
dépenses sont minimales : guides, canots, tentes, ustensiles de cuisine et autres
coûtent environ 3 $ par jour, et les seules autres dépenses sont la nourriture et
le passage pour Grand-Sault, qui ne sont pas non plus très coûteux.
En ce qui concerne les guides, on peut dire qu'il aurait été difficile de trouver
mieux. George E. Armstrong, de Perth, est président de la New Brunswick Guide Association
(Association des guides du Nouveau-Brunswick). C'est un jeune géant vif et élancé,
amant de la forêt, canoéiste hors pair, splendide chasseur, pêcheur et photographe,
et homme d'excellente compagnie. On peut en dire autant d'Adam Moore et de Henry
Allan. Ces hommes ont passé leur vie dans les bois et sur l'eau; ils les connaissent
à fond, peuvent repérer un bon campement d'un seul coup d'oeil, et sont des experts
dans l'art de manoeuvrer un canot. C'est une joie de les voir à l'oeuvre, entreprenant
chaque tâche avec compétence et efficacité tout en veillant au confort des voyageurs.
Comme nous l'avons dit, M. Allan est un excellent cuisinier.
Tom
Phillips est un maître de la rivière et, sous sa gouverne, son canot en bois de
300 livres (136 kg), ou chaloupe si vous préférez, se déplaçait aussi lestement
que les canots de toile. Il était particulièrement intéressant d'observer avec quelle
aisance il arrivait à lui faire remonter, à l'aide d'une perche, les eaux rapides
de la Tobique.
En plus d'être le plus célèbre pêcheur d'alose de Fredericton, c'est un des hommes
les plus habiles et honnêtes qu'il est donné de rencontrer. Ces quatre hommes sont
tous compétents et de fréquentation agréable, et chacun fait en sorte que l'excursion
se déroule dans les conditions les plus favorables. Les dames apprécieront d'ailleurs
grandement ce périple, qu'elles peuvent faire dans le plus grand confort.
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