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21 mai 2024  
 

FTTNB Prix de solidarité - Charles Cook (2009)

La valeur des syndicats

Par Charles Cook
École secondaire de Riverview

De nos jours, bien des gens tiennent pour acquis les avantages dont ils profitent dans leur milieu de travail. Ces gens ne sont pas conscients que même les avantages qu'ils récoltent dans des emplois non syndiqués découlent des normes appliquées et garanties par les syndicats. Nombreux sont les avantages liés aux syndicats, notamment pour ceux et celles qui participent sans réserve à la direction syndicale. L'un des enjeux que préconise la direction syndicale est, en effet, la sécurité en milieu de travail, dont a profité le pays entier. La protection juridique pour les travailleurs et les travailleuses représente une victoire des Maritimes réalisée par les syndicats. Je souhaite souligner cette victoire.

Le marché du travail est compétitif. Même les postes non syndiqués doivent offrir de meilleurs salaires, des droits du travail et des avantages sociaux puisqu'ils doivent rivaliser pour des travailleurs et travailleuses qui ont accès à des emplois syndiqués. Sans les syndicats, tous les travailleurs et travailleuses canadiens souffriraient. Les membres de ma famille ont vécu des expériences personnelles qui illustrent bien la valeur des syndicats. Mon grand-père est membre du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile, de même que mon oncle qui est employé chez GM Canada. Pour sa part, ma tante, une infirmière immatriculée, est membre de l'un des nombreux syndicats d'infirmières et d'infirmiers. Grâce aux syndicats, ma parenté ont des emplois bien rémunérés et des avantages sociaux. Ils ont également une sécurité d'emploi accrue et un excellent régime de pension. De plus, les syndicats leur procurent une sécurité en milieu de travail.

Pour les travailleurs de la mine, la sécurité est un enjeu important. Je connais des gens qui ont perdu un parent lors de la catastrophe minière de Springhill. De plus, j'ai grandi dans une communauté minière à Thompson au Manitoba. Bob Desjarlais, à l'époque chef du Syndicat des métallurgistes unis, section locale 6166, était un ami de la famille qui fréquentait la même église que nous. En plus de négocier des conventions collectives pour les travailleurs d'INCO, Bob participait également à l'activisme syndical aux niveaux provincial, national et international. Il représentait aussi une voix pour la communauté autochtone du nord du Manitoba. Grâce à Bob et Bev Desjarlais, députée de la circonscription de Churchill, j'ai appris que ceux et celles qui s'impliquent avec les syndicats éprouvent une passion pour le bien-être des gens qui s'étend au-delà de leurs collègues.

Les gens qui dirigent les syndicats savent ce qu'est le pouvoir d'être une voix liée à de nombreuses voix. Par l'entremise de leur expérience syndicale, ils reconnaissent le potentiel qu'ils ont d'influencer les décisionnaires. Ainsi, les employés syndiqués s'impliquent souvent au sein d'institutions démocratiques. La participation syndicale permet également à ces individus de développer de l'expérience en gestion, en relations humaines, en réseautage, dans la résolution de problème et en négociation. Quel vaste ensemble de compétences à offrir à tout organisme politique!

Quoique Bev Desjarlais demeurait au Manitoba, elle s'est engagée dans le dossier de la catastrophe de la mine Westray. Elle fit la démonstration que cette question relevait du Parlement. Dans cette citation tirée du Hansard, Mme Desjarlais aborde les inquiétudes des Canadiens des Maritimes et relate la catastrophe de Westray :

Mme Bev Desjarlais (Churchill, NPD)
Monsieur le Président, demain marque le sixième anniversaire de la catastrophe de la mine Westray. En 1991, l'Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole remettait à Clifford Frame, propriétaire de la mine Westray, le prix John T. Ryan pour la sécurité minière. Le 9 mai 1992, à 5 h 20, 26 mineurs perdaient la vie dans l'explosion de la mine Westray. La tragédie de Westray n'était ni un accident ni un désastre naturel. Elle est attribuable aux gestionnaires, qui n'avaient aucune considération pour la sécurité de leurs mineurs, et aux gouvernements, qui ont omis de veiller au bien-être des travailleurs. Les profits ont eu la priorité sur les travailleurs. Les Métallurgistes unis d'Amérique ont offert leur soutien aux mineurs et aux familles de Westray. Ensemble, ils ont su provoquer la tenue d'une enquête. Ce sont également les Métallurgistes unis d'Amérique qui ont remis en question l'octroi du prix John T. Ryan à Clifford Frame et à la société Curragh Ressources. Le prix leur a d'ailleurs été retiré le 9 avril 1998, à la suite d'une longue campagne menée par les métallurgistes. La tragédie de Westray nous rappelle la nécessité d'avoir des syndicats pour protéger les droits et la vie des travailleurs.

La tragédie de Westray est un exemple précis, provenant des Maritimes, qui démontre pourquoi nous avons besoin de syndicats. En vue de souligner l'importance des syndicats, prenons par exemple la Chine. Il y a seulement trois ans, en 2006, 6 000 travailleurs et travailleuses chinois ont été tués lors d'accidents miniers. Les exploitants miniers de la Chine, motivés par l'essor des bénéfices, ont poussé la production au-delà des limites de sécurité dans le but d'alimenter l'économie prospère. Ces tragédies démontrent l'impact d'un manque de syndicats au sein d'une économie libre. Les grandes entreprises abusent et continueront d'abuser et de traiter les gens comme s'ils ne sont rien.

Mme Desjarlais a tenté de modifier le projet de loi C-284. Ce projet de loi serait ajouté au Code criminel afin de tenir les entreprises, les directeurs et les dirigeants responsables d'homicide involontaire, par négligence. Ce projet de loi fut élaboré en raison de l'enquête sur la catastrophe de la mine Westray. Mme Desjarlais a proposé d'imposer une amende maximale de 2 millions de dollars pour homicide involontaire dû à une négligence commise par une personne morale [alinéa 4467.3.(3)(a)]. Bien qu'il fût peu probable que le projet de loi soit adopté, il entraîna des changements.

Le projet de loi C-45, soit le projet de loi relatif à Westray, devint loi en octobre 2003. Le Syndicat des métallurgistes unis, qui appuyait le projet de loi en question, et Mme Desjarlais ont mené cette affaire à la victoire. Il s'agit d'un exemple du pouvoir que possèdent les syndicats à provoquer de réels changements, ce qui est un avantage non seulement pour les travailleurs et travailleuses, mais aussi pour tous les Canadiens et Canadiennes. Il s'agit d'un exemple d'une seule voix, appuyée de plusieurs, qui se fait entendre haut et fort au sein des institutions les plus puissantes du pays. Il s'agit d'un exemple de la qualité des gens, en particulier Bob et Bev Desjarlais, qui s'impliquent dans les syndicats. Il s'agit également d'un exemple d'une affreuse tragédie qui ne fait que se reproduire dans des pays tels la Chine ou dans plusieurs pays africains où il n'existe aucune voix, donc aucune loi ni volonté, pour protéger les travailleurs et les travailleuses.

Peu importe où me mènent mes études, que ce soit la gestion d'une entreprise ou le travail au sein d'une entreprise, je respecterai toujours les syndicats. Je demeurerai également inspiré et motivé par les expériences de vie que j'ai observé chez les dirigeants syndicaux. Je souhaite pouvoir suivre les traces de Bob et Bev, d'être une source de changement positif, de voir au-delà des limites de ma propre communauté pour ceux et celles qui nécessitent de l'aide.