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Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

Mgr Donat Robichaud, recherches historiques et généalogiques

Biographie Biographie | Présentation Présentation | Fichiers généalogiques Fichiers généalogiques | Base de données de L’Évangeline Base de données de L’Évangeline
Référence11039
Lieu Paquetville
Date1946-03-28
Description Le 27 mars, centenaire de Mme Pierre Doucet, née Elisabeth Bezeau, le 27 mars 1846 à Lamèque, de François Bezeau, né à Québec et d'Angèle Chiasson, née à Lamèque.[...]

Après la mort de son père, Prospère Doucet, à Miquelon, il vint habiter Lamèque avec sa mère, Scholastique Blanchard, de l'Île-du-Prince-Edouard; elle enseigna à Shippagan, mais mourut jeune. Son fils fut élevé à Lamèque par de braves gens à l'aise n'ayant pas d'enfant. Elisabeth Bezeau, jolie femme aux cheveux platine, teint clair, yeux bruns, très douce, énergique, très active, élevée à Laméque, était devenue orpheline à l'âge de douze ans. Son père mourut vers l'âge de 74. Elle eut deux frères, François et Philias; ses soeurs: Souveraine, Adéline et Emilie. Elle dit qu'elle avait deux tantes mortes âgées de plus de 100 ans. Ses enfants ne les ont pas connues. Durant son adolescence chez ses parents adoptifs qu'elle aimait et respectait beaucoup, elle eut un gros accident de voiture et elle faillit mourir; elle garda toujours un reconnaissant souvenir des visites de M. l'abbé [J.-M.] Paquet, curé de Caraquet, mort à cet endroit, grand-vicaire. Il lui disait qu'il veillait sur elle parce qu'elle était orpheline. [...]

Elle se maria en l'an 1871 à Shippagan, N.-B. La noce eut lieu à Lamèque et le soir, danse à Shippagan... Pour le mariage costume brun... le soir robe blanche. La mode changeait rarement à cette époque; lors de son mariage, elle possédait 25 robes d'étoffe achetée au magasin et 10 robes d'étoffe du pays. Après son mariage, elle habita Lamèque pendant un an; là naquit son fils aîné, Onézime. Pour nous donner une idée de l'énergie et de la force physique de madame Doucet, voici un petit fait qu'elle raconte: prise d'ennui elle marcha 15 milles à travers un terrain difficile avec un enfant de quelques mois dans ses bras et un paquet. Les routes n'étaient alors pas carossables.

En l'année 1873, la famille Pierre Doucet s'installa à l'île d'Anticosti ainsi que le frère de madame Doucet, François. Ces deux seules familles habitent l'Anse-aux-Fraises; ils y vécurent 34 ans, s'occupant de culture, chasse et pêche. Là naquit sept autres enfants: Pierre, cultivateur, André, ministre de l'Industrie et de la Reconstruction au N.-B.; Eliza, décédée; Joseph, décédé; Florida, décédée; Emilie, religieuse du Bon-Pasteur, Montréal (en religion, Sr Marie-de-Ste-Honorine), Alexina, garde-malade graduée, Montréal. Le fils aîné mourut d'un accident à l'âge de 21 ans. Les épreuves ne manquèrent pas durant cette longue vie, mais elles furent reçues avec une très grande résignation par cette mère courageuse. Sa vie peut se résumer ainsi: travail, dévouement, charité, soumission entière à la volonté de Dieu... car elle avait grande foi.

Notes d'Anticosti. A la famille de Pierre Doucet et de François Bezeau établies à l'Anse-aux-Fraises, viennent s'ajouter quelques autres familles dont un frère, Philias Bezeau, la plupart venant des îles de Shippagan et de Caraquet. A l'arrivée de Meunier en 1896, il y avait une quinzaine de familles. Pendant cette période, il n'y avait ni médecin, ni garde-malade à l'île; aucune communication avec l'extérieur pendant six mois de l'année. La jubilaire y vivait heureuse; elle se prodiguait à sa famille, secourait les aînées: Le prêtre missionnaire ne venait qu'une fois par année. Plus tard, vers 1888, un prêtre vient y résider et il se retira chez la famille Doucet jusqu'à un an après l'arrivée de Meunier en 1896. On ajouta une «allonge» à la maison pour y loger le prêtre: ce fut son presbytère. Trois missionnaires se succédèrent. La jubilaire fut heureuse de se dépenser sans compter. Tout était donné gratuitement, logis, nourriture, services, etc.

L'arrivée de Meunier à l'île d'Anticostie fut un grand événement, mais bientôt la liberté des anciens résidents fut restreinte, leurs propriétés furent pour ainsi dire confisquées; les vieilles familles surtout quittèrent l'île. L'Anse-aux-Fraises se vida en 1906. Pierre Doucet vient avec sa famille résider à Paquetville. Le père mourut le 10 décembre 1931 à l'âge de 84 ans. La jubilaire demeure depuis avec son fils Pierre. A 75 ans; elle pouvait marcher 5 milles sans arrêt ni fatigue. A 92 ans, elle prit une faucille et coupa allégrement une grosse gerbe de blé d'un seul trait. (p. 4)

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4.11.1