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L'agriculture d'autrefois au Nouveau-Brunswick

Introduction

En tant que secteur traditionnel de l'économie, l'agriculture a certainement marqué l'histoire du Nouveau-Brunswick. Les défis à relever ont été nombreux et les progrès plus ou moins lents malgré les efforts déployés dans chaque région. L'agriculture de colonisation, qui était artisanale et de subsistance, s'est prolongée jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale en certains endroits.

Par ailleurs, des signes évidents d'agriculture commerciale sont apparus au début du 20e siècle. Aujourd'hui, plusieurs propriétaires agricoles du Nouveau-Brunswick ont fait le pas vers la production agricole industrielle.


La colonisation au 19e siècle

Des parcelles de terre ont été cultivées dès l'installation des Européens dans les Maritimes et bien avant la fondation de la province du Nouveau-Brunswick. Mais c'est au milieu du 19e siècle, après avoir acquis le pouvoir de gestion des terres de la Couronne, que le gouvernement provincial a fait des lois en vue d'accorder des terres. Il avait l'intention de développer l'économie agricole de la province et d'établir une population sur son territoire. C'était l'époque du premier mouvement de colonisation dans la province.

Au milieu du 19e siècle, le futur colon choisissait un lot et en faisait la demande auprès du gouvernement du Nouveau-Brunswick. Il devait remplir certaines conditions préalables au titre de propriété.

Selon une loi de 1868 visant à faciliter la colonisation de la province (An Act to Facilitate the Settlement of the Province), un lot de 100 acres était accordé sur demande au colon sans famille ou de 200 acres, s'il avait une famille d'au moins deux enfants. Le colon payait une somme en argent destinée à la construction des routes et des ponts qui se trouveraient dans son voisinage plus tard, sinon il contractait l'obligation de travailler lui-même à leur construction. Il devait avoir au moins 18 ans et ne pas déjà posséder de terre. Il devait aussi commencer les travaux de défrichement dans le mois suivant la date d'occupation approuvée. En remplissant ces conditions, il devenait détenteur d'un billet de concession.

Après avoir franchi l'étape du billet de concession, il fallait construire une petite maison d'au moins 4,88 mètres sur 6,10 mètres; le plus souvent, c'était un abri d'arbres équarris. Le colon devait y habiter et travailler au défrichement de façon à pouvoir ensemencer trois acres entre les souches durant la première année d'occupation.

L'étape suivante, soit l'acquisition du titre de propriété du lot, obligeait le colon à avoir cultivé un minimum de 10 acres et à avoir habité les lieux pendant au moins trois ans. Seules étaient permises les absences pour la pêche et le travail dans les chantiers forestiers l'hiver, à des moments précis de l'année. Une fois ces conditions remplies, le bureau des terres de la Couronne donnait le titre de propriété au colon.

Il fallait ainsi des années avant de devenir propriétaire. Dans ce laps de temps inévitable, plusieurs occasions pouvaient mener à la perte du lot en partie défriché : le manque d'aptitudes du colon, le découragement devant l'ampleur du travail, la qualité du sol à cultiver, le départ du colon vers un autre endroit. De temps à autre, des agents des terres de la Couronne visitaient les colons pour voir les progrès de la colonisation. Au début du 20e siècle, les défricheurs étaient nombreux au Nouveau-Brunswick.


La colonisation au temps de la Crise économique

Le second mouvement de colonisation est d'un autre type et il a surtout touché les régions au nord de la province. Il correspond aux années de la Crise économique à partir de 1929 où des problèmes graves ont durement frappé le Nouveau-Brunswick.

À ce moment-là, la colonisation a été la stratégie choisie par le gouvernement, les chômeurs et les familles dans le besoin pour remédier concrètement aux problèmes tels ceux d'assurer un peu de nourriture et un toit pour vivre. Tous croyaient qu'en ayant une terre à cultiver, toute personne pouvait assurer sa survie. Cette période a pris le nom du " retour à la terre ".

De 1930 à 1939, on a accordé environ 440 lots en moyenne par année. Un sommet a été atteint en 1933 avec plus de 600 lots. Le but était que le colon devienne économiquement autonome. Les conditions étaient toujours les mêmes qu'au 19e siècle, mais cette fois avec un peu d'aide accordée périodiquement par le gouvernement et les paroisses. Ces nouveaux colons ont reçu par exemple du grain de semence, des primes au défrichement et au labourage, parfois de la nourriture et des matériaux de construction. À l'occasion, ils ont eu la permission de couper et de vendre du bois de leur lot. Cependant, la colonisation dans le contexte des années 1930 s'est avérée très difficile pour eux. Le gouvernement provincial, avec le temps, a fourni aux colons un meilleur encadrement administratif en embauchant des superviseurs agricoles et des gardes-forestiers qui ont travaillé avec ces nouveaux colons.

Le " retour à la terre " a eu un succès plus ou moins grand : environ 25 % des colons ont acquis un titre de propriété entre 1933 et 1943. Il faut reconnaître que bien des efforts pouvaient être paralysés par un climat capricieux, un sol plus ou moins propice à la culture ou le manque d'aptitude au défrichement. Dans l'ensemble, le programme n'a pas rendu les colons autonomes sur le plan économique.

Par contre, le bilan n'est pas non plus totalement négatif. La stratégie de colonisation des années 1930 a ouvert de nouvelles régions et amené la fondation de villages tels que Trout Brook au Madawaska, Allardville dans le comté de Gloucester, Bronson dans Queens et d'autres. Les colons restés sur leur terre se sont construit des maisons habitables à l'année, une école et une église, en plus de produire leur nourriture. Économiquement, c'était un bienfait pour les colons eux-mêmes ainsi que pour la province. Les colons établis en forêt pour défricher, c'est-à-dire les défricheurs de forêt, ont en fin de compte développé une économie différente dite agro-forestière.Certaines communautés étaient rurales sans être agricoles.


La ferme artisanale

On compte beaucoup de fermes artisanales au Nouveau-Brunswick jusqu'au milieu du 20e siècle. Dans ce type de ferme, l'activité agricole est souvent complétée par une autre, soit la pêche, le travail en forêt ou dans les mines. Cette ferme était petite, familiale, autosuffisante et on y pratiquait surtout l'élevage du bétail et la production laitière. La maison, le jardin, les bâtiments, le petit troupeau d'animaux, les champs cultivés et d'autres en pâturage ainsi que le boisé constituaient l'essentiel de l'établissement agricole. Autour des bâtiments, il y avait des vaches, des porcs, des moutons, des poules et un ou deux chevaux, sinon des boufs, pour le travail. Dans une ferme artisanale autosuffisante, la nourriture de la famille était fournie par les produits du jardin et les animaux. Les produits des champs fournissaient la nourriture des animaux qui, pour leur part, contribuaient à l'engrais des champs.

Les récoltes étaient les mêmes partout dans la province : foin, pomme de terre, céréales telles que avoine, blé et sarrasin, navets et pommes, selon la grosseur de la ferme. Le fermier décidait de la variété des semences, du moment de semer et de récolter, et de l'entreposage.

À cette époque, les instruments de travail, peu nombreux, étaient en bois et, souvent, fabriqués à la main. En général, le fermier savait les réparer et n'avait recours au forgeron qu'au moment d'ajuster des pièces de fer. La machinerie agricole importée était encore rare au Nouveau-Brunswick au début du 20e siècle. Peu de fermes avaient un tracteur.

Le commerce des produits agricoles était surtout local. Par contre, la pomme de terre cultivée un peu partout au Nouveau-Brunswick était vendue sur les marchés extérieurs. Les comtés de Carleton et de Victoria étaient de bons producteurs pour l'exportation, ainsi que Bouctouche et la région qui exportaient par l'entremise de Shediac.


La ferme commerciale

Au cours des années 1920, des fermiers ont réclamé d'être mieux informés et organisés pour développer une agriculture progressive à un coût accessible et au moyen de techniques efficaces basées sur des connaissances scientifiques. Le nombre de fermes diminuait au profit du secteur industriel et urbain : de 38 000, ce nombre passera à 34 000 en 1931. Par contre, des experts ont observé que la superficie moyenne d'une ferme était de 38 acres, ce qui représentait une augmentation de 5 % par rapport aux années précédentes.

L'association des agriculteurs United Farmers a établi un réseau de coopératives pour se procurer des semences et de l'équipement au meilleur prix possible. Les fermiers du Nouveau-Brunswick ont même pris une tangente politique et ont rappelé aux dirigeants de la province qu'ils représentaient le plus grand groupe de travailleurs par comparaison avec ceux d'autres activités économiques. Le passage de l'agriculture artisanale à l'agriculture commerciale s'est amorcé au cours des années 1920.

Au milieu du 20e siècle, les fermes artisanales et les fermes commerciales étaient à peu près de nombre égal dans la province. La transformation en type commercial s'est opérée par la consolidation des fermes, c'est-à-dire la formation d'une grande surface de culture en joignant plusieurs petites fermes. C'est particulièrement le long de la vallée du fleuve Saint-Jean, région au sol le plus favorable à la culture, de même qu'à quelques endroits en bordure de la baie de Fundy que ces changements ont eu lieu. La région de Saint-Quentin a également une bonne qualité de terre de culture.

De 1950 à 1980, 80 % des petites fermes néo-brunswickoises ont disparu. On a encouragé les fermiers à utiliser des engrais fabriqués en usine et à cultiver en vue de la transformation des produits alimentaires de manière à prendre une part du marché. L'importance de l'usine d'engrais chimique de Belledune et du marché de la patate frite et des aliments congelés a augmenté.

Les nouvelles fermes requièrent de l'équipement lourd et spécialisé et font de la monoculture. Plusieurs fermes des comtés de Carleton et de Victoria où se cultive la pomme de terre sont un exemple par excellence. Dans ce type de culture, il faut accroître les profits et, pour cela, accroître la production et contrôler la qualité des produits. En ce sens, il importe de suivre des règles précises quant aux semences et aux engrais, aux techniques d'arrosage et au temps de croissance. La machinerie qui est fonctionnelle en terrain généralement plat et vaste a pour effet de laisser des espaces cultivables à l'abandon.

Conclusion

La production alimentaire destinée aux humains et aux animaux était autrefois la responsabilité de nombreux petits fermiers. C'est aujourd'hui celle d'un petit nombre d'entreprises. De nos jours, peu de gens dépendent de l'agriculture pour assurer leur revenu, mais nous comptons sur l'agriculture pour assurer notre subsistance.


Bibliographie

BEAULIEU, Gérard. L'Évangéline 1887-1982. Entre l'élite et le peuple, Moncton, Éditions d'Acadie/Chaire d'études acadiennes, 1997.

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FORBES, E. R. & D. A. MUISE, Ed. The Atlantic Provinces in Confederation, Toronto Buffalo London Fredericton, University of Toronto/Acadiensis Press, 1997.

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