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Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

Défrichement, agriculture et politique: la colonisation dirigée au Nouveau Brunswick

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La Grande Crise

Introduction
Le 12 septembre 1932, une petite troupe se fraye un chemin dans l'épaisse forêt d'épinettes à environ 12 milles (19,31 km) au sud de Bathurst, dans le comté de Gloucester, le long du chemin de la Miramichi. Grossièrement vêtus, les hommes portent hache à l'épaule. Sans doute, leur esprit est-il assombri par des inquiétudes familiales et des préoccupations financières. Pourtant, ils marchent déterminés et résolus.
Leur chef est un homme de 48 ans, l'abbé J.-A. Allard, curé de la paroisse catholique Sainte-Marie-du-Mont-Carmel, à Bathurst-Est. À un lieu donné, le curé soulève une hache et l'enfonce vigoureusement dans le tronc d'un grand arbre. Après plusieurs coups de la sorte, l'arbre s'affaisse sur le sol de la forêt. Les gestes de l'abbé Allard et sa foi en l'avenir suscitent l'espoir et symbolisent un nouveau départ pour le petit groupe qui l'entoure : l'espoir de se sortir de la pauvreté et l'espoir d'un nouveau départ dans la colonie d'Allardville qu'ils sont sur le point de fonder.
La colonie d'Allardville est l'une des nombreuses colonies de pionniers créées au Nouveau-Brunswick dans les années 1930, dans la foulée du mouvement de retour à la terre. Pour réduire les effets de la Grande Crise et éviter que leur famille ne meure de faim, des milliers de Néo-Brunswickois démunis aménageront des fermes sur des terres de la Couronne. Étant donné la pauvreté de son Trésor, le Nouveau-Brunswick n'est cependant pas en mesure de prendre part au programme national de retour à la terre qui exige que les gouvernements municipaux et provinciaux, ainsi que le gouvernement fédéral, fournissent chacun 200 $ par famille. La province est ainsi obligée d'adopter un programme restreint qui force les Néo-Brunswickois appauvris à tenter de survivre avec des moyens très inférieurs à que ce qui est offert ailleurs.
Le mouvement de retour à la terre est le plus populaire dans les comtés du Nord de la province - Gloucester, Restigouche, Madawaska - où les résidants subissent plus intensément les effets de la Crise. Pour les colonisateurs d'Allardville, dirigés par l'abbé Allard, la voie pour se sortir de la pauvreté est parsemée d'embûches sur lesquelles ils ont peu de contrôle. Comme leurs ancêtres acadiens du XVIIIe siècle et les immigrants britanniques, irlandais et danois du XIXe siècle, plusieurs des colonisateurs d'Allardville surmonteront les difficultés et se créeront un nouveau chez-soi dans les forêts du Nouveau-Brunswick.


4.11.1