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16 juillet 2024  
 

FTTNB Prix de solidarité - Luke J.J. Couture (2008)

La valeur des syndicats pour les travailleurs, les travailleuses et pour la société

Par Luke J.J. Couture
St. Malachy's Memorial High School

Lors de ma recherche sur la valeur des syndicats pour les travailleurs, les travailleuses et pour la société, j'ai trouvé que les syndicats avaient changé notre société ainsi que notre pays pour le mieux. Il y a seulement cinquante ans, les milieux de travail étaient bien différents que ceux d'aujourd'hui et les travailleurs ainsi que les travailleuses ne profitaient pas des droits que les gens de nos jours tiennent pour acquis. De nombreux emplois versaient de faibles salaires donc les travailleurs et les travailleuses avaient très peu de sécurité d'emploi. Les travailleurs et les travailleuses se trouvaient à la merci de leurs employeurs et ils étaient souvent congédiés sans raison valable. Si un membre de la famille voulait leur emploi, ou s'ils étaient malades et s'absentaient du travail pendant trop longtemps, ils étaient remplacés sans aucun recours. Aucune sécurité d'emploi, aucun avantage en matière de soins de santé ni de régime de pension n'étaient implantés pour la plupart des travailleurs et des travailleuses. Malheureusement pour bien des emplois non syndiqués, c'est encore le cas.

Le mouvement syndical protège les travailleurs et les travailleuses contre tout genre de discrimination; le droit de refuser un travail dangereux en plus d'assurer des congés de maternité et de paternité adéquats. C'est grâce aux syndicats que les Canadiens profitent d'une qualité et d'un niveau de vie qui sont admirés et recherchés partout à travers le monde. Nous risquons de perdre ces droits et ces sécurités si nous n'arrivons pas à comprendre la valeur du mouvement syndical et comment fort ont lutté nos parents et nos grands-parents pour y arriver.

Pour moi, ma famille représente l'importance des syndicats de façon très personnelle. Mes deux grands-pères ainsi que mes parents furent membres de syndicats. À maintes reprises, ma mère rappelle comment elle n'aurait probablement pas gagné un salaire convenable et n'aurait pas eu un régime de pension si elle n'avait pas été membre d'un syndicat.

La meilleure façon d'illustrer l'importance des syndicats serait de faire référence à une situation personnelle. Mon père travaillait avec acharnement dans une usine. Malheureusement, à l'âge de 33 ans, il a développé une maladie du cœur et a subi deux crises cardiaques. Il fut dès lors incapable d'exécuter son travail. Les gestionnaires ont d'abord voulu qu'il se retire et perçoive des primes d'invalidité de longue durée. Ce qui veut dire qu'après 24 mois, il serait devenu inadmissible aux prestations d'invalidité s'il avait été capable « d'exécuter tout travail pour lequel il aurait été qualifié de par ses études et son expérience. » À ce moment-là, mon père n'avait que 33 ans et ce n'est pas quelque chose qu'il voulait faire. Il se croyait bien trop jeune pour se retirer en plus de penser que si son propre employeur n'allait pas l'aider à trouver un autre emploi, qui d'autre allait le faire ? Il était très bouleversé par la situation, ce qui n'accélérait pas sa guérison.

Heureusement, il était membre d'un syndicat et il s'est directement adressé au dirigeant syndical afin que ce dernier puisse l'aider à lutter contre la situation. Le syndicat a lutté pour sa cause en disant que s'il était incapable d'exécuter son travail, les gestionnaires devraient alors lui trouver un travail qu'il serait en mesure d'exécuter. Son employeur a donc songé à lui donner un emploi de bureau qui était disponible. Ils étaient cependant sceptiques puisque l'emploi était relativement technique et nécessitait de l'expérience en informatique en plus d'une bonne formation spécialisée. Mon père ne possédait aucune formation dans ce domaine et aucune expérience en informatique, mais il était un homme très brillant et il était persuadé qu'il en était capable, pourvu qu'on lui donne la chance et la formation adéquate. Le syndicat a lutté pour sa cause en plus d'exercer des pressions auprès des gestionnaires afin qu'il reçoive de la formation et l'occasion d'exercer cet emploi. Ils gagnèrent leur cause et mon père réussit tellement bien à son nouveau poste qu'il fut bientôt reclassé à un niveau supérieur et il commença en fait à recevoir des promotions. Il fut en mesure de travailler pendant dix années additionnelles jusqu'à ce que sa santé recommence à se détériorer. Plus tard dans sa vie professionnelle, et jusqu'à sa mort à l'âge de 49 ans, il a reçu de nombreux appels de gens qui avaient des inquiétudes financières et relatives à la santé. Ils se demandaient quelles étaient les prochaines étapes à franchir pour en arriver à ce que mon père avait accompli avec l'aide de son syndicat. Il leur venait toujours en aide et il travaillait avec le syndicat afin de les assister de n'importe quelle façon possible. Tout cela ne serait jamais arrivé s'il n'avait pas été membre d'un syndicat.

Donc, quand la question de l'importance des syndicats me fut posée, je n'eus pas à chercher plus loin que ma propre histoire de famille. Puisque mon père a cessé d'effectuer des travaux lourds, sa santé s'est améliorée, il a augmenté son niveau d'éducation, et ainsi son revenu et ses prestations de retraite, et surtout, il fut capable de garder sa dignité et d'ajouter dix ans à sa vie professionnelle. Il est devenu un exemple pour les autres travailleurs et travailleuses, le syndicat et les gestionnaires quant à ce qui peut être accompli pour venir en aide à ceux et celles qui se retrouvent dans une situation semblable. Le fait que mes parents étaient membres de syndicats leur a assuré qu'ils, et subséquemment moi, aient une bonne qualité de vie. Si mon père n'avait pas eu la protection d'un syndicat, il aurait eu beaucoup plus de difficulté à bénéficier de la formation professionnelle requise ainsi qu'à maintenir son emploi. Si ma mère n'avait pas été membre d'un syndicat, elle aurait probablement eu beaucoup plus de difficultés financières en tant que mère monoparentale à la suite du décès de mon père.

Un article de journal paru très récemment illustre ce qui arrive au détriment des travailleurs et des travailleuses canadiens.  « Rien n'illustre davantage comment le monde du travail a changé au cours d'une génération que le nouveau rapport de Statistique Canada sur le revenu gagné. Les revenus pour le cinquième des Canadiens le plus riches sont montés en flèche, de plus de 16 %, entre 1980 et 2005. Les revenus pour les Canadiens les plus pauvres ont chuté de plus de 20 %. Les travailleurs et les travailleuses immigrants tirent davantage de l'arrière. De plus, un fait des plus troublants en ce qui a trait aux revenus moyens gagnés - les régimes de solde et d'indemnité au pays ont à peine bougé dans l'espace d'un quart de siècle, augmentant seulement de 53,00 $ après inflation. »  L'article définit clairement ce qui se passe au Canada et en Amérique du Nord avec l'effondrement des classes pauvres et moyennes. Il est essentiel que ma génération comprenne l'importance du mouvement syndical sans quoi nous ne profiterons pas du niveau de vie dont ont profité nos parents. Les faits soutenus dans l'article sont alarmants...  « Le nombre de travailleurs et de travailleuses syndiqués du secteur privé a fortement chuté depuis 1980, ce qui a diminué le pouvoir de négociation de certains salariés à revenus moyens. Les changements technologiques ont pénalisé ceux et celles possédant moins de compétences. De nombreux employeurs n'investissent pas suffisamment d'argent dans des méthodes de production avancées, ce qui augmenterait la valeur de leurs produits ainsi que le salaire de leurs travailleurs et de leurs travailleuses. » 

J'entame mes études universitaires en septembre. Une fois mes études terminées et ma carrière amorcée, j'espère que j'aurai un employeur qui valorisera l'importance d'un salaire juste, de l'égalité et de la qualité de vie - J'ESPÈRE ÊTRE UN FIER MEMBRE D'UNE POPULATION ACTIVE SYNDIQUÉE!